Une génération chasse l'autre. Alors qu'on s'extasie devant les exploits du Big 4, on oublie qu'une autre génération dorée est en train de tirer sa révérence. Les retraites d'Andy Roddick et Juan Carlos Ferrero avait frappé les premiers coups post retraite de Marat Safin. David Nalbandian, 31 ans, a ajouté mardi son nom à une liste vouée à s'allonger. Les cadors made in New Balls Please, après avoir été dépassés par Nadal, Djokovic et Murray, se rapprochent de la sortie. La relève de la garde a eu lieu depuis un long moment déjà et a été digérée par le grand public, mais là il s'agit désormais d'un compte à rebours jusqu'à l'extinction de l'espèce. Et encore certains qu'on disait déjà dans leur seconde vie ont rebondi : Tommy Haas et Lleyton Hewitt continuent de prouver que leur génération aussi était assez sensationnelle. Il y en a évidemment un qui résiste mieux que tous ses anciens rivaux : Roger Federer, 32 ans. Il est bien là le dernier gardien du temple. Lui a réussi à tenir la dragée haute aux jeunes loups, mais dans quelques mois on dira peut-être que 2013 a marqué le début de sa fin. Ou bien au contraire que "The Fed" a encore trouvé une énième vie pour empêcher la plus jeune garde de régner en paix.
The guards keep changing. As we're admiring the talent and results of the Big 4, we're maybe forgetting than a golden generation is close to the exit door. The retirements of Marat Safin, Andy Roddick or Juan Carlos Ferrero were the first strikes. David Nalbandian, 31, has now added his name to a bound-to-get-bigger list. The big guns made in New Balls Please, after having been upstaged by Nadal, Djokovic and Murray, are slowly but surely disappearing from the courts. The changing of the guards is one thing, the disappearing of the older guard is an other one. And even there we're lucky that Lleyton Hewitt and Tommy Haas, who many thought were over, are now proving that their generation was also pretty freaking extraordinary. Obviously there's still one player defying the time and the new boys in town : Roger Federer, 32. The last true Guard. But in some months maybe we'll say that 2013 started his decline. Or, on the opposite, maybe we'll say he found an other life to prevent the younger wolves to reign in pieace.
En attendant, El Rey a lui décidé de tourner la page. Et de manière assez surprenante ça a été pour moi plus triste que le départ de Roddick (mais pas que Safin hein...). Plusieurs raisons sans doute. Contrairement à Roddick, "Nalby" Les Yeux Bleus n'a pas eu son tournoi du Grand Chelem. Il n'a pas eu sa Coupe Davis non plus. Alors il y a un goût d'inachevé, d'injustice aussi un peu pour sans doute le plus grand talent de cette génération - ou tout court ? - qui n'a pas eu cette consécration en mode Majeur. Un physique trop fragile, une rigueur au travail peut-être pas aussi grande que les autres cadors (mais bon, Safin a eu 2 GC et des Coupe Davis alors...;)), un mental parfois un peu friable dans les moments très chauds : la demie de l'AO 2006 et celle de l'US0 2003 où il a mené 2 sets à rien... Et puis la malchance ensuite d'être barré par les monstres du jeu. Mais dans cette meute, il aura tout de même marqué son époque : la révélation à Wimbledon en 2002 (finale), cet enchaînement "légendaire" Madrid - Bercy 2007 où il était injouable et a écoeuré les Nadal, Federer et Djokovic. Cette finale du Masters 2005 où il s'impose contre Federer en remontant deux sets de retard et alors qu'il jouait le tournoi des Maîtres dans la peau du remplaçant. Les 5 saisons de suite dans le Top 10. Et ces rencontres de Coupe Davis où il a laissé toutes ses tripes sur le court à chaque fois, encore cette année où il assomme la France en double avec Zeballos. Ah s'il avait réussi à cohabiter avec Juan Martin Del Potro... "Del Po", celui qui l'a déjà son tournoi du Grand Chelem mais qui n'était pour autant pas le patron de cette équipe argentine. Non, le boss c'était toujours El Rey. Il semble prédestiné au capitanat argentin mais 1) Del Potro, dans quelques années, l'acceptera-t-il ? 2) Le caractère très particulier de "Nalby" en ferait-il un bon capitaine ?
In the meantime, El Rey has decided to start an other chapter of his life. Surprisingly it's been sadder for me than to see Roddick leaving for example. Several reasons I think. Contrary to Roddick, he didn't get his Grand Slam win. Nalby Mister Blue Eyes didn't get his Davis Cup win either. So there's this underachieving taste that lasts and a bit of "it's unfair" feeling because he's surely the most talented one of this generation, or even ever, to not win a Major. His body was too fragile, he maybe didn't train as rigorously as the other champs (well, Safin still won 2 GS and DC so...;)), and his mental strength was sometimes an issue, as in AO 2006 or USO 2003 semis where he lost despite a 2 sets to 0 lead. Then of course he wasn't lucky maybe to fall inside this golden era. But even among those terrific players, Nalbandian succeeded to leave his own print : the Wimbledon 2002 final, the "legendary" 2007 "El Rey Schooling Tour" where he kicked every big gun's ass from Nadal to Federer and Djokovic. This 2005 Masters final against Federer, won after trailing 2 sets to 0. Those 5 years in a row inside the Top 10. This Davis Cup where he always left everything he had on the court. The final lost in 2006 broke his tennis heart. But this year he helped beating France by winning the double point with Zeballos : not the same he used to be but still back to being El Rey for Argentina. Ah if only he and Juan Martin Del Potro could have found a way to be in the same team successfully. "Del Po" already has his Grand Slam but "Nalby" was still the boss of the team. Could he become DC captain ? Sure ! But 1) Will Del Potro accept this in some years ? 2) Is Nalbandian's temper fit for the part ?
Car on va être honnête, vous ne trouverez pas beaucoup de journalistes hors Argentine pour vous parler de la chaleur humaine du garçon... Il pouvait être odieux, méprisant, hautain : la totale. Colérique, sanguin, l'insulte facile aussi sur le court et en-dehors : la disqualification en finale du Queen's 2012 a été son dernier dérapage connu. N'a-t-il pas failli en venir aux mains avec Del Potro en Coupe Davis ? N'a-t-il pas balancé une bouteille d'eau à la tête d'un officiel après sa défaite contre Isner à Melbourne en 2012 ? Il a toujours nié d'ailleurs. Les colères de Nalby et autres écarts pourraient sans doute nourrir des pages entières et encore on ne sait pas tout ! A mes débuts quand dans les salles de presse ou de rédaction je mentionnais Nalbandian dans ma short list de joueurs appréciés plus que la moyenne, on me regardait avec de grands yeux : "Non mais Carole, tu l'as déjà rencontré ?...". Le sous-entendu était limpide ! Je n'ai pas eu à me coltiner le "Nalby" en solo, et j'ai eu de la chance de ne jamais me faire pourrir pendant les quelques conf de presse où j'ai pu le voir. Maintenant, on est d'accord : ce n'était pas le mec le plus facile à vivre du circuit. Pour rééquilibrer la balance, il faut dire qu'il était aussi capable de générosité (il a sa fondation) et que parmi les cadors il semblait assez apprécié. Voir cette foule argentine toujours acquise à sa cause, voir qu'il est un ami de Rafael Nadal (exhib d'ailleurs prévue en Argentine en novembre) doit aussi pousser à penser qu'avec certains et pendant certaines périodes, le Nalbandian - jeune papa - peut être un mec sympa, normal, "tranquillou". L'espoir n'est pas interdit ah ah !
Because let's be honest : you won't find many journalists outside Argentina to tell you about how warm and sympathetic the boy was... He could be mean, insulting, obnoxious : the whole package. Easily angered, not that patient : the incident during the 2012 Queen's final was his last "oh no he didn't!" moment. Wasn't he close to throw some punches to Del Po during DC ? Hasn't he thrown a water bottle to the head of an official in AO 2012 even if he denied it ? Is it just the Nalby legend ? I think you could write a book with the Nalbandian's hot temper stories. And we surely don't know everything ! When I started and was telling colleagues that Nalbandian was in my short list of players I liked, they would look at me with big eyes and say "Errr Carole, have you already met the guy ?..." Meaning was pretty clear ! So no I didn't have to go through a 1 on 1 with him and I was lucky enough to survive the few pressers I could go and talk to him. But I reckon he wasn't the easiest player to deal with. To be fair, he's also able to be very generous when he wants to (his foundation is a good example) and he seemed pretty liked by the top players. Also seeing the way Argentina's crowd was all his, and that Nadal is one of his friends (they'll play an exo in Argentina next month) tend to make you think that with some people and at some times Nalby - now a daddy - can be a nice guy, regular buddy... Hope isn't illegal ah ah !
Mais c'est peut-être ça le plus fort : ce "bad boy", il va quand même nous manquer. Et j'en reviens à la comparaison avec la retraite de Roddick. A-Rod il manque par son sens de la répartie, par son charisme, sa personnalité. Mais par son jeu ? Pas pour moi, ou alors pour ce service et les mimiques. Nalbandian, c'est tout le contraire : il ne finira jamais dans les best of de réactions de conférence de presse, on ne sera jamais sûr d'avoir cerné la personnalité d'un garçon qui n'a jamais fait l'unanimité et dont finalement on n'a pas su grand-chose. Mais son jeu, alors là oui son jeu il va laisser un vrai vide dans ce circuit. Ne plus voir la magie sortir de sa raquette sur ses séquences de revers à deux mains court-croisé ou le long de la ligne. Ne plus le voir enchaîner tous les coups du tennis, sortir des retours improbables ou prendre la balle aussi tôt que tous les autres grands, ne plus se dire que s'il avait voulu/pu il serait aussi devenu un des meilleurs joueurs de double car niveau toucher de balle il était au sommet. Ah et ne plus voir non plus cette fluidité, ces coups de patte de génie... Maintenant, cela faisait un moment qu'on ne le voyait plus faire tout ça. Cela faisait un moment que son corps l'avait poussé à déserter la cour des grands. Mais on se disait quand même que sur un match ou un tournoi on pouvait encore avoir la chance de voir du grand "Nalby". Cette chance est maintenant passée et il ne reste plus que les archives vidéo. Alors un conseil : quand vous avez l'opportunité de voir jouer les autres "vétérans", profitez car ça ne va plus durer très longtemps. Et quand vous avez la possibilité de voir évoluer les patrons actuels, ne la laissez pas passer. Un jour, comme les Safin, Roddick et Nalbandian, on verra les Federer, Nadal, Djokovic, Murray, Del Potro, Berdych, Ferrer, Tsonga, Monfils, Gasquet, Wawrinka, etc mettre les pouces. Une génération chasse l'autre, il n'y a pas d'antidote pour ça. Dans tous les cas, on prévient tout de suite les petits jeunes d'aujourd'hui : il y a un sacré héritage à préserver là, alors au boulot.
But that's maybe the biggest trick : this "bad boy" will still be missed. And I'm back to my Roddick comparison. I miss A-Rod because of his personality, because of his smart/funny/spot on comments, his aura too. But his game ? I don't, except his serve and his so unique body language. Nalbandian is totally something else : he will never end in best of presser's quotes, we'll never be sure to have really understood or known a guy who was highly polarizing. But his game, yes his game is going to leave a huge hole on the Tour. Never seeing again the magic getting out of his backhand. Never seeing him again displaying every shot in the tennis book nor taking the ball "PlayStation-like" early. To also think he could have become one of the greatest double players if he had wanted to / be able to... This fluidity, this pure talent of the hands... Yes flashes of all of this were becoming pretty rare since a couple of years at least as his body wasn't letting him play in the top players playground anymore, but on one match or one tournament you could be lucky enough to witness it. This opportunity has now disappeared and we're left with the videos of his glorious past. So one advice : when you have the chance to watch the remaining top players of this generation, enjoy it cause it won't last long now. And when you can catch a glimpse of the Kings of today, don't let it go away. One day, as the Safin, Roddick and Nalbandian, we'll see the Federer, Nadal, Djokovic, Murray, Del Potro, Berdych, Ferrer, Tsonga, Monfils, Gasquet, Wawrinka, etc leaving this tennis world. The guards keep changing and there's nothing to do against this. Anyway, we're warning right now the young wolves in the making : there's a seriously huge legacy to be worthy of, so they'd better not mess with it and work hard.
P.S. : Je n'ai pas mentionné Ivan Ljubicic, James Blake, Xavier Malisse, Magnus Norman, Thomas Johansson, Hicham Arazi, et bien d'autres. Il faut toujours faire des choix, alors j'ai pris ceux qui ont marqué/changé l'histoire du jeu. Mais à chaque suiveur de la balle jaune sa propre façon de voir ces pages d'histoire alors ne vous offusquez pas ;)
PS : I didn't talk about Ivan Ljubicic, James Blake, Xavier Malisse, Magnus Norman, Thomas Johansson, Hicham Arazi, and many others. There are always choices to be made so I picked players who I feel changed/influenced the history of the game. But everybody has his/her own way to see this history so don't go all mad at me ;)
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