vendredi 21 mars 2014

Les risques de la mode / Each trend has its risks



Andy Murray a goûté aux joies et aux risques de prendre l'option coach de luxe.

"Il avait pris une grande place dans ma vie", "Je suis défait, c'est dur", "Je dois passer à autre chose". Voilà les mots habituels de la rupture, voilà ceux prononcés par Andy Murray depuis le départ d'Ivan Lendl. Quoi que le communiqué d'annonce ait pu dire : cette séparation n'avait rien d'amiable. Murray n'a pas eu le choix. S'il avait pu se voir finir sa carrière avec l'ancienne vedette, cette dernière n'en avait manifestement pas envie. Richard Gasquet, planté en plein Masters par Riccardo Piatti, a vécu il y a peu une situation semblable. Mais ce qui vient de se passer pour Murray prend évidemment une plus grande importance puisqu'il touche le Big 4, puisqu'il touche un joueur qui avait sous la férule de Lendl fait exploser nombre de ses barrières pour remporter ses deux premiers Majeurs et l'or olympique. Elle pose aussi des questions sur la mode des coaches-stars : aurait-on vu Toni Nadal lâcher Rafa au milieu de ses blessures au genou pour cause d'envie d'aller plus souvent à la pêche ? Verrait-on Marian Vajda, même depuis son temps partiel négocié, refuser une main secourable à Novak Djokovic ? Comment Séverin Lüthi pourrait-il cesser d'être la béquille de Roger Federer ? Impossible. Parce que dans ces cas-là l'affect a pris autant de place que le professionnel, parce que là on parle d'une famille, d'engagement et de loyauté.

"He was a big part of my life", "I was gutted", "I have to move on". Here are the usual break-up words. Here are those of Andy Murray after losing his coach Ivan Lendl. Whatever "mutual" word put in statements at this occasion, it was obviously neither. If Andy was close to think of ending his career with Lendl at some point, his former coach didn't wish to. Richard Gasquet, let down by Riccardo Piatti in middle of the Masters, just went through the same kind of situation. But what has just happened with Murray takes a full other meaning due to his Big 4 status. And due to how successful his association with Lendl proved to be, helping him to get through a lot of mental and game hurdles. This separation also brings questions on the trend of the "Former big stars coaches" : would Toni Nadal let down Rafa through injuries because he wants to go fishing more often or spend less time in suitcases ? Would we see Marian Vajda refusing to help Novak Djokovic through a crisis even with this new part-time deal ? How would Severin Lüthi stop to be the big man in the shadow for Roger Federer ? Impossible. Because in those cases, the affect has grown so much that it reaches the level of the professional side of the job. We're talking family, commitment, loyalty.



Le départ sans état d'âme de Lendl alors que Murray se bat pour revenir de sa blessure au dos est d'une grande froideur. Cruelle ? Et elle va peut-être résonner dans la tête de Djokovic la prochaine fois qu'il se trouvera en face de Boris Becker. Il est formidable que ces anciens grands champions s'intéressent à cette génération d'exception pour une transmission d'expérience de cador à cador. Le travail de Lendl avec Muzz a été remarquable et a validé cette recherche de l'ancienne star. Mais finalement pour lui ce n'était qu'un défi et pas un sacerdoce. "C'est très simple, je ne pouvais pas suffisamment m'engager pour faire le job correctement", a-t-il ainsi confié. Très simple de lâcher un Big 4 ? Très simple de ne pas vouloir s'engager plus avec lui ? Le message est à retenir. Alors mieux vaut prévoir : Federer a pris Stefan Edberg comme conseiller de luxe avec en plus quelques semaines de présence dans la saison. Il ne lui a pas confié tout son destin. Djokovic a mis Becker en numéro 1 mais il garde un contact non stop avec Vajda. Murray, lui, avait mis toute sa confiance en Lendl. Pour un duo qui semblait idéal tant les deux hommes partageaient le même humour, le même caractère atypique et tant la froideur de Lendl dans le box calmait à merveille le volcan irascible qui couve toujours dans la tête de Murray sur un court. Le garçon ne fait pas confiance facilement, il met du temps à baisser sa garde alors on peut imaginer la cicatrice laissée par Lendl pour qui il avait laisser tomber toute l'armure. Murray est un ultra sensible qui se cache mal ou dans tous les cas moins mien qu'un Djokovic. Nadal passe ses angoisses dans ses tocs ou entre les mains du Tio Toni. Murray s'en retourne le cerveau. Mais il en a vu d'autres et rebondira, le mieux et le plus tôt possible pour qu'il n'ait jamais à se demander ce que sa carrière aurait été si Lendl était resté. Parce que gagner 2 Majeurs et les JO ce n'est pas aller au bout de l'immense potentiel de l'Ecossais.

 Lendl leaving without any apparent scruples, whereas Murray struggles to find his form back since his back injury, actually sounds like "cruelty" of the tennis business sometimes. And it may ends in the back of Djokovic mind next time he'll face Boris Becker. It's fantastic that those former champs get interested in that amazing generation, it's great for the game and for the transfer of legacy and experience. Lendl's work with Muzz was spectacular and has given all credit to the help those former stars can give to the younger ones. But for him it was just an other challenge to check on a list, and that's not what coaching is. "It's very simple - I could not commit enough time to do the job properly", are Lendl's words. Simple to  give up on a Big 4 guy ? Simple not wanting to commit anymore with him ? This message should be remembered. So better being cautious : Federer took Edberg as advisor and for some weeks per season of physical attendance. He didn't put his whole coaching destiny in his hands. Djokovic hired Becker as head coach but is in non-stop contact with Vajda who still has his own coaching weeks with him too. Murray, though, put all his trust in Lendl. And for a duet that looks ideal : sharing the same humor, understanding themselves really well and with the ice-cold temper of Lendl in the box dealing with the angry and frustrated storm that Muzz brain can be on a court. Murray doesn't trust people easily, doesn't let his guard down easily but he did all of that for Lendl so we can imagine the scar let by Lendl's departure. Murray is a hugely sensitive person, despite how hard he tries to hide it sometimes, less gifted for that than a Djokovic. Nadal goes through his anguishes by his "OCDs" or through Toni's help. Murray just overthink and overfeels all of that until his brain and nerves melt. It's not that long ago that losing a Melbourne's final was throwing him out of the rails for months. Winning his first Grand Slam then Wimbledon may have changed this of course, but dealing with the aftermath of Wimbledon's triumph doesn't seem to be easy neither. But the boy went through much more and he'll bounce back : the sooner the better so he will never have to wonder what his career would have become if Lendl had stayed. Because winning 2 Grand Slams and the Olympics isn't achieving Murray's potential for greatness.



Si on peut trouver le timing choisi par Lendl extrêmement douteux, si on peut du coup se demander quelle était vraiment la nature de son attachement à Murray, on ne peut pas non plus lui reprocher trop vertement son attitude. Déjà parce qu'il a réussi là où tous les autres coaches avait échoué avec Andy. Lendl, comme Becker ou Edberg ou toute autre star de ce calibre a déjà vécu une carrière au sommet, a déjà passé sa vie dans les avions et les valises. A déjà connu la gloire et n'a pas besoin des cadors d'aujourd'hui pour vivre. Par ailleurs, sa réussite avec Murray a dû lui ouvrir d'autres opportunités moins contraignantes et tout aussi flatteuses pour son ego d'ancienne vedette. Alors dans ces cas-là, avec des champions qui auront toujours pour priorité leur trajectoire personnelle, la prudence est de mise. Que Lendl dise à Murray qu'il préfère le golf et les exhibitions à 20-25 semaines dans son box est un cas pratique qui restera dans le coin de la tête de tous les autres tentés par l'aventure du coach de luxe. Vajda, Nadal et Lüthi ont aussi des familles, font aussi des sacrifices, mais leur joueur reste dans la liste haute des priorités. Voir Djokovic perdre en quart à Melbourne et semblé paumé à Dubaï a rendu Vajda malade. A Indian Wells il lui a remis les points sur les i. Quid de Becker ? Ces anciennes gloires ont amplement mérité de savourer leur retraite dorée et de profiter enfin de leur famille. Lendl vient de simplement prouver qu'on ne pouvait pas leur en demander trop, ni espérer un investissement au long terme, ni imaginer qu'elles se mettront au service d'un joueur aussi génial soit-il. Les champions de ce calibre ne servent personne. Jamais.

If one can find the timing of Lendl's departure departure weird and not that fair, if one can then wonder about the real tie between those two, there's no way to be too hard on Lendl. First, he succeeded where other coaches failed with Murray. Then, Lendl, Becker, Edberg or any other former wonder has already went through this tennis-life, has already spent his time in planes and out of suitcases, has already went through glory. And doesn't need the stars of today to make a living. One can also think that his success with Andy opened other shiny doors to Lendl, less demanding and as much rewarding for his ego and liking. So with this kind of champ whose priority will always be his desires, it's better to keep a cold head and blood. Seeing Lendl announcing to Muzz that he prefers golfing and exhibitions should be something to be taught and repeated to any other top player tempted by this adventure. Vajda must have been frustrated and worried to watch the Djoker in Melbourne and Dubaï. He knows him by heart, which helps of course. So he came to Indian Wells and talked loud and clearly in a "it's time to move your ass again" kinda gentle talk it seems. What about Becker possible input there ?  Those former stars deserve their after career life, deserve their time off, same for their families and all the pleasure they can find in a life without tennis pressure and demands. They're never ever going to sacrifice this again. Vajda, Nadal or Lüthi also have personal situations, are making big sacrifices but their player keep staying on their priorities list. Lendl just proved that no one can ask them too much, nor hope a long term commitment, nor imagine they're going to be at the service of a player even if it's the best in the world. Those champions do not serve anyone. Ever.



Etre en charge d'un sociétaire du Big 4 doit être l'aboutissement pour un coach, plus qu'un challenge à cocher dans une liste bien remplie. Que Darren Cahill continue pour le moment de refuser de le faire au milieu de ses autres activités montre aussi que lui est conscient de la responsabilité et de l'investissement demandé pour prendre ces destinées dorées en mains. Ces joueurs ont tendance à chercher des coaches qui ont connu le sommet pour été certains qu'ils vont les comprendre. Et Murray a eu raison de le faire avec Lendl, car ça a changé sa carrière. Il faut seulement assurer ses arrières et ne pas trop s'attacher. On va donc surveiller les duos Cilic-Ivanisevic ou Nishikori-Michael Chang. Mais les meilleurs exemples à long terme viendront peut-être de Magnus Norman et Ivan Ljubicic : leurs carrières n'ont pas atteint le niveau d'un Lendl ou d'un Becker mais ils ont été de très très bons joueurs, bénéficient d'une immense expérience et surtout ont décidé de consacrer leur après-carrière au coaching. Coach, ça reste un métier.

Being in charge of a Big 4 should be the ultimate goal and dream of any coach, way more than an other challenge to check on a list. Darren Cahill refusing many offers to keep his own activities shows that he knows how big is the responsibility and the commitment needed to take on those golden destinies. Those players are searching for guys knowing the greatest level cause they feel the understanding and input will be better. And Murray was right with Lendl cause it changed his career. The thing is just to know not to rely too much on them and to keep a back up plan. We're now going to watch what happens with Cilic and Ivanisevic or Nishikori and Chang. But maybe the best long-term examples are coming from Magnus Norman and, if it goes on well, from Ivan Ljubicic. Their careers are not Lendl or Becker like but they were very good and have a huge experience of top level. Most importantly : they've decided for now to dedicate their after career to coaching. And coaching is a real job.

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